Traditionnels bastions des jeunes hommes, l’aéronautique, l’automobile, le transport ferroviaire et maritime, l’énergie, et d’une manière générale, les secteurs scientifiques manquent aujourd’hui cruellement d’ingénieures et de techniciennes. Alors qu’elles disposent des mêmes compétences que leurs homologues masculins.
Même si le numérique emploie davantage de femmes, elles restent toutefois en nombre minoritaires dans ce secteur également. Professions méconnues, moindre attrait des filières scientifiques, ou encore image de « geek », le secteur numérique souffre d’un déficit d’image et notamment auprès de la gent féminine. « Trop peu de femmes s’orientent vers les formations sciences et technologies. Et elles sont encore nettement minoritaires dans les formations techniques telles que les BTS, les DUT et les écoles d’ingénieurs », souligne l’enquête Mutationnelles réalisée par Global Contact, et publiée fin 2012. A l’inverse, elles sont davantage représentées dans des spécialisations dites « plus féminines » telles que la chimie, l’agroalimentaire ou la biologie notamment. Autre secteur qui se féminise : l’immobilier. La mixité hommes-femmes est un levier d'action chez BNP Paribas Real Estate. Le groupe a lancé, en 2012, un programme international baptisé « Leadership au féminin » visant à développer davantage la mixité dans les fonctions de management. Son but : s’assurer que les femmes ont exactement les mêmes opportunités et possibilités d’évoluer que les hommes. « Le secteur de l’immobilier est plutôt un monde d’hommes. Même si nous recrutons chez BNP Paribas Real Estate autant de femmes que d’hommes, seul 20 % de notre management est féminisé, indique le groupe. Nous souhaitons également permettre, chaque année, à une quarantaine de femmes, identifiées comme « potentiel » pour le groupe, de développer leur influence au sein de l’entreprise et d’être encore plus visibles de la Direction Générale. »
Pour promouvoir la place des femmes dans le numérique, le Syntec numérique, syndicat du secteur, a signé des partenariats avec des entreprises comme Capgemini. L’objectif : accroître et asseoir leur visibilité à tous les niveaux du groupe. Même discours chez Microsoft. « Nous développons des programmes spécifiques pour favoriser l’embauche d’informaticiennes, explique Sophie André, la responsable du recrutement et de la diversité. Nous invitons chaque année des élèves de première et de terminale dans nos locaux dans le cadre du programme « Digigirlz ». L’idée étant de leur montrer que nos métiers ne sont pas réservés qu’aux hommes et qu’elles ont un rôle à jouer dans l’évolution numérique. Actuellement, nous avons 31,5 % de femmes au sein de l’entreprise. Et 40 % de nos embauches externes les concernent. » Dans l’automobile, Renault a lancé en 2010 le plan Women@Renault pour attirer et fidéliser les futures collaboratrices. « L’objectif est d’embaucher 30 % de femmes, chaque année, dans les fonctions techniques et 50 % de femmes dans les autres fonctions, notamment commerciales », annonce Valérie Mériot-Burn, la responsable diversité. Le constructeur automobile compte 17,4 % de femmes dans ses effectifs mondiaux, dont 17 % dans des postes stratégiques. Et les étudiantes sont attendues dans l’école de vente Renault, qui comptait 41 % de femmes en 2011 (contre 20% en 2010). Dans le secteur pétrolier, Total a mis en place des formations et un programme de mentoring pour femmes. Le groupe intervient également dans les lycées et universités pour sensibiliser les jeunes filles aux filières techniques et scientifiques. Pour poursuivre ses actions en faveur de la diversité, Airbus entend recruter, sur les 1 300 embauches prévues en 2013, 25 % de femmes en 2013.
Afin de lutter contre les stéréotypes qui sont à l'origine des faibles taux de féminisation des métiers techniques, Orange agit en amont dans les écoles et lance des initiatives comme « Capital Filles », un programme destiné à favoriser l'insertion professionnelle de jeunes filles issues des zones d'éducation prioritaire et des zones rurales. Mais, les femmes s’autocensurent, même quand elles sont déjà en poste. D’après une étude de l’IMS Entreprendre, « 57,5 % des femmes pensent que leurs supérieurs hiérarchiques favorisent les hommes pour les postes à hautes responsabilités ». Les entreprises développent des programmes de coaching et de mentoring au féminin tels que celui de Microsoft ou de Renault. « Pour que les femmes prennent confiance en elles et soient sensibiliser aux parcours évolutifs, nous organisons des ateliers et des conférences notamment », ajoute Valérie Mériot-Burn de Renault.
Vous l’aurez compris, les jeunes diplômées sont donc très recherchées dans ces secteurs. « A compétences égales, si un recruteur hésite entre deux candidats, un homme et une femme, cette dernière a toutes les chances de décrocher l’emploi. Attention, cela ne veut pas dire promouvoir une femme parce que c’est une femme ! Mais bien parce qu’elle est compétente, et même plus compétente qu’un autre candidat », déclare Marie-Sophie Pawlak, présidente de l’Association « Elles bougent » qui œuvre pour la promotion des métiers d'ingénieures et techniciennes dans les secteurs industriels ou technologiques. Et il ne faut surtout pas appréhender ces secteurs comme en témoignent Camille, Myriam, Clémence, Ouafa, et Mathilde, 5 jeunes diplômées travaillant dans l’aéronautique, la mécanique, l’ingénierie, l’immobilier logistique et le BTP.
Rachida Soussi
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Vous avez intégré ou intégrez bientôt le marché du travail ? Connaissez-vous le principe du mentoring ? Catherine Thibaux, coach certifiée de la SF Coach, fondatrice d’InterVenir Consulting et auteure de « Les clefs d’un mentoring réussi », aux éditions StudyramaPro, explique pourquoi le mentoring peut aider un jeune diplômé à s’intégrer et progresser dans sa vie professionnelle.