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« L’apprentissage, l’un des meilleurs tremplins vers l’emploi »

Interview exclusive de Muriel Pénicaud
Interview exclusive de Muriel Pénicaud sur Studyrama Emploi
Après avoir lancé la concertation sur l’apprentissage, le 10 novembre 2017, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, revient en exclusivité pour Studyrama Emploi sur les prochains axes de travail permettant de faire de l’alternance un véritable tremplin vers le premier emploi.


Pourquoi l'apprentissage est à la traîne en France ?

La France compte environ 400 000 apprentis, ce qui est trop peu ! 7 % des jeunes sont en apprentissage, alors qu’il est de 15 % dans les pays européens où leur taux de chômage a baissé. Il y a 1,3 millions de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni à l’université, ni en apprentissage. C’est un énorme gâchis, mais il n’y a pas de fatalité et nous devons changer cela.

L’apprentissage est l’une des clés de réussite pour vaincre le chômage des jeunes, car il leur permet de se former et de choisir leur avenir. Surtout, les entreprises cherchent et demandent des apprentis, il y a donc de nombreuses opportunités d’accéder à un emploi.

Je veux que les jeunes comprennent que l’apprentissage est une voie d’excellence dans laquelle 70 % d’entre eux décrochent un emploi après la fin de leur formation.

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Comment comptez-vous faire progresser ces volumes et atteindre des taux proches de l'Allemagne ?

Le Gouvernement s’est engagé dans une transformation profonde de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Pour cela, nous devons agir à tous les niveaux en discutant avec tous les acteurs concernés.

Aujourd’hui, l’accès à la formation est compliqué. Nous devons simplifier le système pour que le jeune qui cherche un contrat d’apprentissage puisse accéder à une formation qui corresponde à son projet. Il aura accès à des informations transparentes et fiables qui lui permettront de faire un choix éclairé. Et, avant de s’engager dans une formation, il connaîtra les taux d’insertion dans l’emploi et les salaires proposés à l’issue de la formation. Surtout, il pourra rentrer en apprentissage tout au long de l’année, alors qu’aujourd’hui les entreprises ne peuvent embaucher qu’entre septembre et décembre.

D’ailleurs, via une application mobile gratuite, il pourra avoir accès à son Compte Personnel de Formation où il trouvera toutes les informations importantes : les formations proposées à côté de chez lui, les compétences requises pour postuler aux emplois l’intéressant...

L’apprentissage doit devenir une filière à part entière et être enfin reconnue comme une voie d’excellence par les jeunes, les familles et les entreprises.

Quels sont vos axes de travail pour faire de l’alternance un tremplin vers l’emploi ?

L’apprentissage est déjà l’un des meilleurs tremplins vers l’emploi ! Il offre une manière différente de se former, tout en étant une voie royale : le taux d’insertion d’un jeune passé par l’apprentissage est presque 20 % plus élevé qu’un jeune passé par un cursus « classique ».

Malheureusement, il est encore trop perçu comme un second choix, une seconde voie, et ne bénéficie pas à assez de jeunes. Il faut que les entreprises puissent proposer beaucoup plus de places en apprentissage et que le système tourne autour d’elles et des jeunes. L’apprentissage doit devenir une aspiration personnelle et un choix professionnel. Tout en offrant plus de possibilités de trouver du travail, l’apprentissage permet aux jeunes de s’émanciper.

Par exemple, avec mes collègues Jean-Michel Blanquer, Ministre l’Éducation nationale et Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, nous travaillons pour qu’il y ait beaucoup plus de passerelles entre les filières, comme c’est le cas en Suisse, où un apprenti boulanger peut ensuite faire médecine. Pourquoi ce qui est possible chez nos voisins ne le serait pas chez nous ?

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Comment mobiliser davantage les entreprises ?

Pour les entreprises, l’apprentissage est un levier important de compétitivité et de transmission des savoir-faire, ainsi qu’une excellente source de recrutement. Il représente l’excellence en matière de qualification, peu importe le niveau : CAP, bac pro, BTS, master.

Or, les entreprises trouvent parfois que les diplômes ne sont pas suffisamment adaptés à l’évolution de leurs métiers. Aujourd’hui, la création ou la rénovation d’un diplôme prend en moyenne cinq années et ne répond donc pas aux besoins du marché du travail. Les apprentis auront donc une formation pertinente, en phase avec les besoins du marché du travail. C’est une première réflexion que nous mènerons dans le cadre de la concertation.

Il faudra aussi agir sur les moyens de mise en œuvre du contrat d’apprentissage, souvent complexes. La signature du contrat d’apprentissage, ou sa rupture, répondent à des règles précises qui ne se justifient pas toujours et qui pèsent sur les employeurs comme sur les jeunes.

Y aura-t-il un contrat unique ?

Nous explorerons comment transposer les souplesses du contrat de professionnalisation dans le contrat d’apprentissage et travailler sur les différences de rémunération.

Prévoyez-vous de poursuivre le projet européen pour favoriser l’apprentissage en Europe ?

Erasmus fête aujourd’hui ses 30 ans et cela représente une expérience clé pour des milliers de jeunes. En 2017, 43 000 étudiants français sont ainsi partis à l’étranger, contre seulement 6 800 apprentis. C’est pour développer leur mobilité que j’ai confié une mission à l’ancien ministre et député européen Jean Arthuis. Cette mission est en cours, mais déjà, un projet-pilote est mené au niveau de l’Union européenne pour développer la mobilité longue des apprentis (actuellement, elles ne durent que 2 à 4 semaines).

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Les nouvelles technologies modifient le monde du travail. Notre pays a besoin d’une transformation profonde en partant des aspirations des Français et des besoins futurs des entreprises : notre réponse aux jeunes, peu ou pas qualifiés, aux demandeurs d’emploi, doit être à la hauteur de ces enjeux et de leurs attentes. C’est notre responsabilité collective.

Propos recueillis par Rachida Soussi

Crédit photo : Ministère du Travail/DICOM


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22/11/2017
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