Se faire recruter quand on a un handicap

L’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap s’améliore légèrement. On dénombrait 476 853 demandeurs d’emploi en situation de handicap (inscrits à Pôle emploi) à fin décembre 2020, contre 493 156 en 2019. En 2020, les Cap emploi ont contribué à 77 444 recrutements, selon l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), dont 26 % en CDI. Dans la fonction publique, ce sont 32 229 recrutements qui ont été réalisés en 2020.

Mais les jeunes payent un lourd tribut à la crise sanitaire. Leur recherche d’emploi est plus longue et compliquée : 7,6 mois en moyenne, soit presque deux fois plus longtemps que l’ensemble des jeunes, selon une enquête IFOP menée à l’occasion de la SEEPH 2021. Pour favoriser les embauches en temps de crise sanitaire, le gouvernement a mis en place, jusqu’au 31 décembre 2021, une aide de 4 000 euros pour chaque personne handicapée recrutée en CDI ou CDD de plus de trois mois. « Avec les aides incitatives du plan France Relance, ce sont plus de 22 000 contrats qui ont été signés, dont 64 % en CDI », se félicite Sophie Cluzel, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées.

L’intérim et l’alternance comme tremplin vers l'emploi

Des entreprises recrutent et le font savoir en signant des accords. Dans le secteur agroalimentaire, Nestlé s’engage à embaucher 100 personnes (CDI, CDD, intérim de plus de 6 mois, alternants et stagiaires) d’ici 2023. Le groupe participe, chaque année en France, à l’initiative Européenne « Duo Day » permettant à des personnes handicapées, accompagnées de collaborateurs volontaires, de découvrir un nouveau métier. Dans le numérique, HELPLINE s’engage dans l’inclusion des personnes en situation de handicap. « Les personnes en situation de handicap ont pleinement leur place au sein de l’industrie des technologies, explique Amélie Pillot, Directrice des Ressources Humaines Adjointe chez HELPLINE. Dans la Tech et particulièrement chez HELPLINE, ce sont l’appétence pour le digital et les qualités de la personne qui font la différence dans son recrutement et son évolution professionnelle. »

L’intérim peut être une passerelle vers l’emploi durable. L’informatique, les télécommunications, l’audit, le conseil, la grande distribution et l’industrie offrent de nombreuses opportunités aux travailleurs handicapés. « Les jeunes diplômés en situation de handicap méconnaissent parfois les bénéfices que l’intérim peut leur apporter, observe Emilie Legoff, CEO et fondatrice de la solution RH en ligne Troops. Ils peuvent s'essayer à un type de métier ou un secteur d’activité, mais aussi faire leur preuve et être potentiellement embauchés en CDI à l’issue de leur mission intérimaire. »

L’alternance est également un excellent tremplin vers le premier emploi. Près de 1 300 contrats d’apprentissage de personnes handicapées ont été signés au premier semestre 2021, contre 692 à la même période en 2020. D’ailleurs, les actions sont variées pour recruter des candidats en alternance. Schneider Electric, groupe spécialisé dans la transformation numérique de la gestion de l’énergie et des automatismes, se donne pour objectif de recruter chaque année à minima 15 alternants en situation de handicap. Dans le secteur de l’aéronautique, l’association Hanvol favorise, depuis une décennie, l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans l’industrie aéronautique et spatiale en proposant des contrats en alternance au sein des entreprises membres. Parmi elles, Airbus, Dassault Aviation, Thales, Safran. Certaines banques participent, à l’instar de BNP Paribas, LCL, Banque Populaire et Société Générale, au dispositif « HandiFormaBanques », permettant aux jeunes sans qualifications requises de devenir conseiller via une phase de formation et d’alternance.

Rencontrer et échanger avec les entreprises

Durant la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH), qui se déroulera, cette année, du 15 au 21 novembre 2021, LADAPT, l’association engagée pour la citoyenneté des personnes handicapées, organise des centaines d’actions différentes : forum emploi, Jobdating©, Handicafé©, sensibilisation dans l'espace public, en entreprise... D'ailleurs Matthieu, 21 ans, en mastère d'informatique en alternance, a trouvé son alternance grâce à un Handicafé© organisé par les bénévoles de LADAPT dans les Hauts-de-Seine, lors de la SEEPH 2020. « Cet événement digital m'a permis de passer un entretien ciblé avec l'entreprise IBM en fonction de mon profil et des missions que je recherchais. Après quelques échanges avec mon futur tuteur, j'ai été embauché en tant qu'architecte cloud junior en alternance pour une durée de 2 ans. »

Pour son édition 2021, la SEEPH se mobilisera pour la jeunesse. « Tout doit être mis en œuvre pour faciliter l’insertion des jeunes en situation de handicap dans l’emploi et créer des opportunités professionnelles à la hauteur de leurs attentes, rappelle Eric Blanchet, président de LADAPT.

D'autres entreprises organisent également des événements de recrutement. L'entreprise de sécurité Verisure organise son premier job dating dédié au handicap, le mardi 23 novembre 2021, dans ses locaux d'Antony. Cette journée, qui se déroulera de 9h à 18h, aura pour but de faire découvrir l’entreprise et les postes à pourvoir aux candidats.

Enfin, toujours pour favoriser la rencontre, l’association Tremplin Études, Handicap, Entreprises organise des forums de recrutement (emploi, stages, alternance) et des ateliers métiers et coaching. Des rendez-vous en physique ou à distance à ne pas manquer également.

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Réussir sa candidature

Rien n’oblige à mentionner son handicap dans sa candidature. D'ailleurs, seuls 39 % des candidats indiquent leur situation dans leur CV. Cependant, il est préférable de l’indiquer si on vise un poste destiné aux travailleurs handicapés, ou si on postule directement à la mission handicap d’un grand groupe afin de pouvoir bénéficier de ses droits.

Si toutefois vous décrochez un entretien et que vos CV et lettre de motivation ne contiennent aucune information, il est important d’informer le recruteur pour qu’il puisse prendre les dispositions nécessaires avant le jour J : assurer l’accès au fauteuil roulant, faire appel à un interprète… « Aucune obligation ne contraint les candidats à communiquer sur leur handicap en entretien, conclut Anne Gallot, déléguée générale de l'Association A Compétence Égale. Mais le fait d'en parler permet d'ouvrir la discussion sur les éventuelles améliorations à prévoir et surtout de démystifier le handicap. »

Rachida Soussi