Selon un rapport publié en 2017 par Dell et le think tank californien « l'Institut du futur », 85 % des métiers qui seront exercés en 2030 n'existent pas encore. Et pour cause la transformation digitale et la robotisation transforment quotidiennement notre façon de travailler. « Mais contrairement aux idées reçues, les nouvelles technologies ne sont pas dévastatrices sur le marché de l'emploi, explique Isabelle Rouhan, fondatrice du cabinet de recrutement spécialisé dans la transformation digitale, Colibri Talent, et auteure de l’ouvrage « Les Métiers du Futur » (First Editions). L’intelligence artificielle (IA) pourrait détruire 6 millions d’emplois d’ici 2025, mais elle devrait en créer 15 millions également, selon une étude d’Eurostat. Les technologies d’intelligence artificielle, comme le machine learning et l’automatisation, peuvent être des atouts considérables. En effet, l’automatisation de nombreuses tâches répétitives et sans valeur ajoutée permet de gagner du temps et de se focaliser sur le relationnel et la formation, par exemple. D’ailleurs, l’humain est et sera toujours au cœur de cette mutation numérique. »
Des métiers vont donc évoluer. Ce sera notamment le cas dans « les services d'aide à la personne et les métiers de la relation client, où l'accélération de la collecte et du traitement des data sera un moteur de création d'emplois et de nouvelles opportunités professionnelles », confie l’auteure de l’ouvrage. Ces métiers nécessiteront de nouvelles compétences. « Par exemple, le développeur de demain ne devra pas seulement savoir coder, il devra être créatif, proactif, comprendre le monde environnant, mais aussi avoir des notions de droit et d’histoire notamment. Le journaliste du futur devra, quant à lui, être capable de produire l’information dans plusieurs formats. » Autre évolution dans les métiers juridiques avec l’émergence de l’avocat augmenté. « Un professionnel capable d’utiliser l’intelligence artificielle pour automatiser les tâches simples du travail juridique et évaluer le risque judiciaire en se basant sur la jurisprudence passée pour prédire le jugement futur le plus probable », développe Isabelle Rouhan.
Pour l’auteure, une chose est sûre : « les métiers de demain seront tous connectés ». Ce qui va révolutionner la façon de travailler de certains professionnels qui porteront de nouveaux noms comme « l’architecte de smart city (construction d’un élément d’urbanisme connecté), le fonctionnaire intrapreneur (agent du service public qui se consacrera au développement d’un projet innovant), l’artiste numérique (création de produits nouveaux et autonomes en intégrant les nouvelles technologies) ou encore le neuro-manager (usage des particularités du cerveau humain pour faire avancer efficacement une équipe ou une organisation). » D’autres métiers subiront des innovations radicales toujours selon l'auteure : « le médecin numérique fera de plus en plus usage de la télémédecine et des données collectées pour une meilleure prise en charge du patient. » Enfin, d’autres verront le jour comme « l’éducateur de robot (superviser l’apprentissage d’une intelligence artificielle) ou l’éthicien de l’IA (cadrage des algorithmes et des données utilisées). »
Pour évoluer dans ce nouvel environnement et s’adapter à ces métiers multi-facettes et très connectés, les futurs jeunes actifs devront se renouveler et apprendre sans cesse. « D'après l'OCDE, la durée de vie des compétences techniques est estimée à 12-18 mois aujourd’hui, contre 40 ans auparavant », ajoute Isabelle Rouhan. Ils devront également être curieux, agiles et flexibles, mais aussi faire preuve de leadership. « Des compétences clés pour rester performant et construire son propre épanouissement, conclut-elle. L’agilité permettra à chacun d’être acteur de son employabilité. » Pour pouvoir changer de métier plusieurs fois dans sa vie.
Rachida Soussi
Vous avez intégré ou intégrez bientôt le marché du travail ? Connaissez-vous le principe du mentoring ? Catherine Thibaux, coach certifiée de la SF Coach, fondatrice d’InterVenir Consulting et auteure de « Les clefs d’un mentoring réussi », aux éditions StudyramaPro, explique pourquoi le mentoring peut aider un jeune diplômé à s’intégrer et progresser dans sa vie professionnelle.