L’année 2020 a été marquée par un ralentissement brutal des vols internationaux. Il y a eu également des reports de livraisons d’avions. Des sous-traitants ont licencié, certaines compagnies ont mis la clé sous la porte mais d’autres résistent et tiendront jusqu’à ce que l’activité redécolle pour de bon. Les vols intérieurs ont déjà repris partout dans le monde. La filière doit rester compétitive quoi qu’il arrive. D’ailleurs, on a observé peu d’annulation de commandes. Ce qui est plutôt bon signe dans ce contexte inédit. Il restait à fabriquer 7 300 Airbus et 3 500 Boeing 737 max fin 2020, impliquant la production de 21 000 moteurs en France. L’Etat a également commandé des Rafales et des hélicoptères notamment.
De son côté, la pandémie a accéléré la sortie de certains avions anciens et polluants. Il faut remplacer les flottes sortantes. L’industrie aéronautique s'est d’ailleurs engagée, avant la crise, à réduire de moitié ses émissions de CO2 d’ici à 2050. L’enjeu pour les années à venir : développer des moteurs moins consommateurs, des matériaux plus légers, des carburants 100 % durables… L’aéronautique française sera prête quand la reprise du trafic sera venue.
Nous n’avons pas observé de répercussions réelles sur l’insertion de nos diplômés : 93 % des jeunes diplômés en 2019 étaient en poste en 2020. La promotion 2020 vient d’être diplômée, nous n’avons pas encore de données. Toutefois, nous pouvons déjà dire que nos ingénieurs sont très recherchés. Les ingénieurs français maîtrisent, avec les américains seulement, les technologies aéronautiques et spatiales. Ces savoir-faire sont très recherchés partout dans le monde et transférables dans de nombreux secteurs comme l’automobile ou le maritime par exemple.
On recrute notamment des ingénieurs méthodes/industrialisation process, des ingénieurs production. Chaque année, nous ne formons pas assez d’ingénieurs dans nos écoles pour répondre à tous les besoins des entreprises nationales et internationales. Post-crise, nous aurons certainement toujours autant de mal à répondre à l’ensemble des besoins des recruteurs du secteur. La sécurité numérique des appareils est également capitale dans le secteur. On recherche donc des ingénieurs cybersécurité aéronautique, des ingénieurs intelligence artificielle et des spécialistes de la data.
Le secteur sera porté par de nouvelles mobilités dans les prochaines années. On va assister aux premières expérimentations des taxis volants dans la région parisienne durant l’été 2021. Le lancement en conditions réelles est prévu lors des JO de 2024. Cet engin du futur pourrait susciter des vocations. Le dirigeable pourrait également être davantage sollicité pour le transport de marchandises notamment. Il y a et il y aura toujours de nouveaux terrains de jeu.
Les entreprises recherchent des ingénieurs immédiatement opérationnels, maîtrisant les technologies d’aujourd’hui. Dans un futur très proche, elles rechercheront des collaborateurs capables d’apprendre et de s’adapter rapidement. De nouveaux métiers verront le jour : il faut dès à présent apprendre à apprendre, être ouvert d’esprit et avoir un sens de l’innovation pour répondre aux prochains défis qui animeront l’industrie aéronautique du futur. L’aéronautique s’adapte et se réinvente continuellement. C’est un secteur passionnant.
Propos recueillis par Rachida Soussi
Vous avez intégré ou intégrez bientôt le marché du travail ? Connaissez-vous le principe du mentoring ? Catherine Thibaux, coach certifiée de la SF Coach, fondatrice d’InterVenir Consulting et auteure de « Les clefs d’un mentoring réussi », aux éditions StudyramaPro, explique pourquoi le mentoring peut aider un jeune diplômé à s’intégrer et progresser dans sa vie professionnelle.