« Selon le cabinet PWC, 3,5 millions de postes en cybersécurité ne pourront pas être pourvus dans le monde en 2021, explique Karl Rigal, directeur marketing de Stedy, cabinet de conseil en ingénierie et technologie. En France, 61 % des entreprises interrogées prévoient d’augmenter leurs effectifs cette année. » Une ambition confirmée par le gouvernement en février 2021, qui souhaite doubler les effectifs de cette filière d’ici à 2025, face à la multiplication des cyberattaques depuis la crise sanitaire. La Fédération française de la cybersécurité s’est d'ailleurs engagée à créer, d’ici à 5 ans, 20 000 emplois dans la filière. « Les attaques informatiques que l’on voit se multiplier dernièrement au sein d’institutions publiques, hôpitaux ou mairies, peuvent engendrer des dysfonctionnements graves sur la vie de chacun : indisponibilité de systèmes de soins, arrêt du versement des aides sociales…, ajoute Karl Rigal. La cybersécurité est donc au cœur de nombreux enjeux de nos sociétés de plus en plus digitalisées. » La Loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit d'ailleurs un investissement de 1,6 milliards d’euros pour la lutte dans le cyberespace et un recrutement de plus de 1 000 nouveaux cybercombattants d’ici 2025.
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Pourtant, le secteur manque cruellement de compétences. « Les professionnels de ce domaine sont rares et les entreprises peinent à les recruter, confie Karl Rigal. Les jeunes diplômés ont donc une très belle carte à jouer dans ce domaine d’expertise, dans lequel on ne forme pas assez d’experts pour répondre aux besoins des entreprises. » Encore faut-il les attirer. « Les personnes déjà en poste doivent faire figure d'ambassadeurs de la filière pour attirer les jeunes talents, faire en sorte qu'il y ait plus de diversité en son sein », indique Hani Attalah, co-fondateur d'iViFlo, ESN spécialisée dans la cybersécurité et le smart building.
Les recruteurs cherchent également à féminiser ce secteur en manque de talents. Dans le monde, seuls 20 % des postes de responsable de la sécurité des systèmes d’information sont occupés par des femmes. Le cabinet de conseil et de technologies Accenture a l’ambition de recruter 50 % de femmes en 2021 en France. Mais les jeunes femmes manquent à l'appel. « Seulement 23 % des personnes travaillant dans l’ingénierie en France sont des femmes et elles constituaient moins de 30 % des effectifs des écoles d’ingénieurs en 2020, rappelle Karl Rigal. Espérons que les initiatives de sensibilisation prises ces dernières années, comme le dispositif « elles bougent » ou le programme Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science porteront leurs fruits. »
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« Les besoins des entreprises sont nombreux, variés et multidisciplinaires », prévient Hani Attalah. De l’organisation de la sécurité et gestion des risques au conseil, en passant par le management de projet, la maintenance, les fonctions support ou encore la gestion d’incidents, les opportunités sont variées. « On recherche notamment des experts en cybersécurité - avec de fortes compétences techniques en infrastructure, réseau et sécurité -, des analystes pour analyser les données, observe Hani Attalah. Les entreprises recrutent également des chefs de projet pour piloter les projets de cybersécurité, des communicants, des créatifs pour construire des supports ludiques et impactant afin de sensibiliser et contribuer à la formation des tous les employés. Les entreprises recrutent également des juristes pour garantir la mise en conformité au regard des réglementations légales. » Des postes cruciaux dans un monde où les entreprises ont besoin plus que jamais de protéger leurs données.
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Et si la « maitrise les technologies et les systèmes est un pré-requis, les meilleurs experts en cybersécurité disposent également d’un savoir-être et de compétences comportementales particulières, comme l’esprit d’analyse et la résistance au stress », conclut Karl Rigal.
Rachida Soussi
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